La vague démocratique arabe et le Moyen-Orient: une fenêtre d’opportunité?
Le printemps arabe a eu un impact considérable sur le processus de paix israélo-palestinien. La chute de Moubarak et l’incertitude politique qui en a résulté en Égypte, les troubles et l’instabilité en Syrie et les manifestations à Amman ont tous changé les calculs stratégiques israéliens et palestiniens. La distance entre les deux parties a maintenant augmenté au point de parler de la mort du processus déjà «bloqué» tel que nous le connaissons.
Israël fait face à des frontières moins sûres de tous côtés; après le meurtre de cinq soldats égyptiens par Israël dans le Sinaï et l’agression subséquente de l’ambassade d’Israël au Caire par une foule en colère, les relations diplomatiques sont tendues. De plus, la péninsule du Sinaï, qui aurait déjà été pénétrée par des islamistes radicaux, n’a jamais été aussi précaire. La réouverture du poste frontière de Rafah a encore alimenté les craintes israéliennes d’un réarmement iranien du Hamas. Beaucoup à Jérusalem craignent une éventuelle prise de pouvoir islamiste en Égypte et en Tunisie, et peut-être en Syrie, un sentiment qui renforce une mentalité de siège. De plus, pour la première fois, le poids de l’opinion publique arabe, revalorisée de la «rue arabe» amorphe, pèsera davantage sur les décisions de politique étrangère. Alors que la direction que prendront ces changements est loin d’être déterminée, les décideurs politiques et l’opinion publique israéliens retiennent leur souffle, s’abstenant de prendre de nouvelles initiatives diplomatiques régionales ou bilatérales.
L’Autorité palestinienne a interprété à juste titre les soulèvements comme un signal d’alarme à l’égard de sa population frustrée, dont les deux tiers ne croient pas qu’un État palestinien émergera au cours des cinq prochaines années et s’oppose au maintien du rôle des États-Unis dans les négociations avec Israël. Il a intensifié ses tentatives pour recueillir le soutien à sa candidature à l’adhésion à l’ONU d’une part et a tenté de se réconcilier avec le Hamas d’autre part, afin de limiter sa vulnérabilité politique. Quant au processus de paix lui-même, la nouvelle ère de la politique arabe implique une fin définitive du processus tel que nous le connaissons et requiert l’élaboration d’un nouveau processus de rétablissement de la paix, basé sur une implication plus grande et plus profonde des acteurs arabes et sur la définition de certaines lignes rouges traditionnelles.